Semaine 13 : de Podgorica à Fushë-Krujë

Lundi 23 juillet, nous passons une journée de repos à Podgorica. Journée très tranquille, où nous en profitons pour faire quelques appels vidéos avec les amis et la famille. Damien passe aussi une bonne partie de la journée à réaliser deux vidéos, pendant que je m’occupe des enfants. Nous nous promenons un peu dans la ville et réalisons le contraste avec le reste du Monténégro. La capitale ressemble à nos grandes villes, avec leurs boutiques et centres de beauté, les magasins d’électroniques et tout le monde avec son smartphone… mais la campagne n’est quand-même jamais très loin, nous le réalisons en regardant par notre balcon ou en croisant deux vaches en liberté sur le trottoir.

L’après-midi, il y a de l’orage comme prévu. Et comme c’est bien quand on a un toit et que nous n’avons pas à nous en soucier 🙂 Il tombe apparemment des trombes d’eau mais nous le remarquons à peine.

Le lendemain, nous partons pour une étape de plat. Ca fait tellement longtemps que nous n’avons pas eu de route plate, que nous apprécions vraiment. Le Monténégro a été très difficile physiquement et cette journée me “réconcilie” vraiment avec mon vélo.

Nous allons jusqu’à Virpazar, au bord du lac de Skadar. A peine arrivés, nous nous faisons accoster pour nous proposer un bout de terrain ou des chambres d’hôtel. Les tarifs sont trop élevés pour nous et nous continuons en direction du camping le plus proche, à 1,5 km de Virpazar. Après un kilomètre, nous voyons ce qui ressemble au jardin d’une maison avec une pancarte “Autokamp”… Nous nous y arrêtons, le prix est de 6 euros pour une nuit pour nous 4, nous décidons d’y rester, même s’il ne s’agit probablement pas d’un camping officiel. Comme tous les campings au Monténégro, il est très simple, dispose d’un terrain non délimité et d’un bloc sanitaire fait maison, mais propre.

Nous avons réservé un tour en bateau d’une heure avec la société Golden Frog. Nous nous sommes décidés la veille par mail et avons pu trouver un créneau pour aujourd’hui. Ivana nous accueille et c’est sa soeur Ana qui nous accompagnera. Elles nous font comprendre que la visite d’une heure sera un peu courte pour voir beaucoup de choses, ce que nous aurions préféré savoir avec le départ… Nous n’augmenterons pas la durée car il est déjà assez tard. Ana parle parfaitement anglais et nous donnera énormément d’explications sur le lac. C’était très intéressant et nos cerveaux sont mis à rude épreuve pour arriver à tout comprendre. Le lac est très joli et nous verrons de nombreux oiseaux. Malheureusement pas de pélicans, qui sont à priori très peureux et se réfugient au niveau de la frontière albanaise, qui ne se traverse plus en bateau. Ana nous offre aussi du sirop de menthe, des beignets et du fromage de chèvre, le tout fait maison par sa maman. C’était très bon. Elle nous propose d’ailleurs de reprendre les restes et ira jusqu’à appeler sa maman pour qu’elle nous amène au camping tout ce qui restes de la journée. C’est vraiment très sympa et nous sommes très heureux de trouver le colis devant la tente en rentrant 🙂

Mercredi matin, nous partons en pensant juste passer en Albanie, ce qui représente une étape de 35 km environ.

Lors de notre pause de midi, nous regardons passer un petit tracteur avec une remorque pleine de pastèques. Le conducteur nous aperçoit, arrête son tracteur et vient nous offrir une énorme pastèque ! Les monténégrins auront été vraiment généreux jusqu’au bout.

Nous décidons finalement d’aller jusqu’à Shkoder car il n’y a pas de choix d’hébergement juste après la frontière et nous aimerions éviter un camping sauvage pour notre première nuit dans le pays.

C’est une étape de plat, avec une seule belle côte à 8 pourcents juste avant la frontière, qui nous fera bien dégouliner. Le passage de frontière se passe rapidement car les automobilistes nous font signe de passer devant. Il fait très chaud et nous sommes avec les enfants donc ils nous incitent à doubler la file.

Nous nous arrêtons juste après la frontière pour prendre le goûter. Premier contact avec un albanais très gentil qui nous offre de l’eau. Peu de temps après, une voiture s’arrête à notre hauteur pour nous offrir des bouteilles d’eau fraîche. Quelle générosité ! Un très bon premier contact avec le pays.

Nous croisons le chemin de Flavie et Edouard de Ridearth, qui font route en sens inverse, et nous discutons un moment au bord de la route. Ils sont sur le retour d’un voyage autour du monde de 2 ans. Au cours de notre échange, ils nous ont donné un livre un peu particulier puisqu’il voyage à travers le monde depuis novembre 2014 et a des milliers de kilomètres à son compteur. Ce livre, c’est “L’homme qui marche”, de Jean Béliveau, l’histoire d’un homme parti faire le tour du monde à pieds. Ils l’ont reçu eux-même d’un autre voyageur, et nous avons pour mission de le lire et le faire voyager, avant de le transmettre à notre tour à d’autres voyageurs 🙂 Nous adorons le concept et sommes très heureux de faire partie de l’aventure de ce livre.

Nous reprenons finalement la route. Il nous reste 30 km et, même si nous dormons à l’hôtel ce soir, nous allons arriver tard. Dommage car nous serions bien restés plus longtemps à papoter. Mais nous sommes encouragés tout le long du trajet pas les automobilistes, qui nous saluent, nous klaxonnent gentiment.

Nous arrivons après la tombée de la nuit à Shkoder mais nous ne sommes pas les seuls cyclistes et nous au moins, on est éclairés et visibles. En effet, ici il y a énormément de cyclistes et ils roulent tous dans tous les sens sur la route, c’est assez étonnant.

Nous peinons un peu à trouver l’hôtel, les gens nous répondent en Italien et nous apprenons qu’ici tout le monde comprend l’italien, principalement parce qu’ils ont la télé en italien et regardent dès tout petit les dessins animés en italien.

A l’hôtel, nous sommes accueillis en français par la fille des gérants, qui gère l’hôtel pendant leur semaine d’absence. Elle vit en France et vient passer ses vacances ici. L’hôtel Kurtabeg vient d’ouvrir et les chambres sont très spacieuses.

Ce soir, le compteur affiche 79,8 km. Nous l’avons enfin ce record 🙂 Nous sommes fiers de nous mais avons tout de même pédalé plus de six heures pour y arriver.

Jeudi, nous prenons notre temps tranquillement à l’hôtel avant de reprendre nos vélos. Nous achetons d’abord une carte SIM afin d’avoir une connexion internet puis roulons dans la ville, parmi les autres cyclistes.

Nous mangeons dans un restaurant à Shkoder, un bon repas pour 9,70 euros pour nous 4, le resto le moins cher depuis le début du voyage. Et surtout, nous mangeons bien ! Du poulet rôti, des pommes de terre,… Tout est bon et ça nous change tellement du Monténégro que nous savourons vraiment notre repas.

Nous arrivons ensuite très rapidement au camping… de Shkoder ! Après un record, nous avions bien droit à une mini étape ! Nous nous installons dans la forêt, bien ombragée et commençons par faire l’école avant d’aller profiter de la piscine.

Dans l’eau, Damien fait la connaissance d’une famille belge. Jean-Sébastien, Élise et leurs enfants Gédéon (7 ans), Pépin (5 ans) et Archimède (6 mois) voyagent en camping car et font un tour d’Europe de 6 mois. Nous passons une bonne soirée ensemble et les enfants sont ravis d’avoir des copains français avec qui jouer. En fin de soirée, nous rencontrons une autre famille de français avec 4 garçons. Après plusieurs semaines sans rencontres francophones, les enfants sont vraiment super contents.

Le vendredi matin, tous les enfants se sont donné rendez-vous pour jouer ensemble. Ils jouent longtemps au foot, sous la surveillance du papa des 4 garçons, et nous profitons de ne pas avoir à les surveiller pendant le remballage de tente. Les enfants profitent aussi une dernière fois de la piscine et Jean-Sébastien nous fait faire une petite visite de son camping car. Nous réalisons vraiment la différence de confort qu’il ont par rapport à nous, ça donne envie. Nous n’oublions cependant pas les avantages du vélo (visite des villes plus facile, au contact des gens, voyage lent, moins cher), même si cela implique une grosse logistique entre le montage de tente et les sacoches à refaire chaque matin.

Au moment de quitter le camping, les enfants s’échangent des jouets et nous discutons avec un couple de suisses qui voyage en tandem.

Nous mangeons au restaurant à midi. C’est une fois de plus très bon et pas cher, nous allons vraiment apprécier la nourriture ici.

Nous arrivons à Lezhe et nous dirigeons vers le camping lorsque nous sommes accostés pour une chambre. Ils nous proposent une grande chambre, que nous négocions à 20 euros la nuit et c’est à 50 mètres de la plage. Les enfants vont ensuite se baigner, ravis de retrouver la mer. Ici, c’est une plage de sable et il y a des vagues. Nous les laissons en profiter car selon l’itinéraire que nous prenons, nous ne rejoindrons peut être plus la côte avant Athènes.

Nous allons ensuite manger au resto (hé oui, on profite mais ici c’est plus rentable que de cuisiner, et tellement meilleur !) puis nous regardons le couché de soleil sur la plage. 

Avant de rentrer, nous admirons la plus longue éclipse totale de ce siècle. Nous regardons progressivement la lune disparaître et prendre une jolie couleur rouge. C’était magnifique.

Samedi, nous partons à 10 heures. La route est de nouveau toute plate et ça nous fait vraiment du bien. Nous avons 40 km jusqu’au camping.

A midi, nous nous arrêtons à un restaurant au bord de la route. Ca a l’air un peu chic, mais après consultation du menu, les spaghettis sont à 2 euros et il y a des jeux pour les enfants. Au moment de payer l’addition, le serveur nous amène une note à 1600 leke (soit environ 13 euros) pour 4 spaghettis et 1 bouteille d’eau. Il nous explique que c’est parce que j’ai choisi de payer en leke et pas en euros. Je lui réponds que nous allons alors payer en euros mais il me dit que le spaghetti n’est plus à 2 euros mais 3 à cause de l’évolution de l’euro. Sauf que le menu m’a été présenté en euros et que c’était 2 euros… Bref, il finit par laisser tomber et être d’accord avec les prix en euros de sa propre carte, que nous convertissons comme il faut en leke.

Ici, la monnaie officielle est le lek mais nous sommes étonnés que la plupart des commerces acceptent les euros. Et souvent, ils préfèrent même les euros. En Croatie, c’était l’inverse, la monnaie officielle était l’euro mais ils ne les prenaient nulle part.

Nous reprenons notre route, et croisons Park, un coréen qui est parti de Venise et rejoint la Turquie à vélo. La route se transforme rapidement en autoroute ! Nous voici donc sur l’autoroute avec nos vélos ! Ce n’est pas dangereux car nous avons la bande d’arrêt d’urgence pour nous et elle est limitée à 90 km/h. Nous y croisons aussi des piétons, qui traversent en passant en dessous de la barrière centrale, un cycliste et une voiture à contresens sur la bande d’arrêt d’urgence, et une multitude de vendeurs de fruit, de restaurants et de commerces sur le côté.

Nous arrivons au camping de Fushë-Krujë en milieu d’après-midi. Il nous a été recommandé par les Pigeons Voyageurs, qui s’y sont arrêtés quelques jours avant nous. Il s’agit de l’hôtel camping Nordpark, et il est tout simplement génial ! Le prix est de 9 euros par nuit pour une tente, quel que soit le nombre de personnes. Donc pour nous, c’est hyper intéressant 🙂 Nous pouvons même manger au restaurant deux fois par jour sans dépasser le budget ! Il y a une belle piscine, des jeux pour les enfants, un restaurant et surtout un personnel d’une extrême gentillesse qui nous offre énormément de choses (assiettes de fruits, glaces pour les enfants, pain,… tous les jours ils nous amènent quelques chose “pour la maison”). Nous avons en plus la chance d’avoir un emplacement sur l’herbe avec une belle table et parasol, plus un petit arbre qui nous permettent d’avoir de l’ombre pratiquement toute la journée, indispensable avec cette chaleur. Les autres emplacements sont moins sympas, il faut bien l’avouer et le seul petit bémol est le bruit de la route et des climatisations que nous entendons la nuit, mais ce n’est pas si dérangeant.

Nous plongeons vite dans la piscine et je suis interpellée par Quentin, qui nous demande si c’est nous les cyclos. Il nous a reconnus à notre bronzage 😀 Il voyage en vélo couché en europe depuis 4 mois et vient d’installer sa tente juste à côté de la nôtre. Chouette, on va pouvoir papoter voyage ! Lorsque nous retournons à la tente, un cycliste supplémentaire monte sa tente à côté de nous. Il s’agit de Vincent, qui est parti de France pour rejoindre Athènes il y a un mois seulement, il avance très vite. Et ce qui est rigolo, c’est qu’il nous suit sur Facebook, après avoir fait des recherches sur les voyageurs qui empruntent la même route que lui.

Nous échangeons sur nos voyages pendant toute la soirée. Qu’est ce que ça fait du bien de retrouver d’autres cyclistes français et de pouvoir discuter comme ça 🙂

Je pense que quelqu’un, quelque part, a placé les indices pour que cette rencontre soit possible dans un même lieu, au même moment. Notre voyage nous en présente énormément de ces “coïncidences”… nous sommes heureux de les relever et de les apprécier.

Nous passons une très bonne soirée à échanger autour des trucs et astuces de chacun, des itinéraires et routes empruntés. Nous nous extasions ensemble de ce “hasard”, et nous couchons un peu tard. Mais ce n’est pas grave pour nous car nous sommes les seuls à ne pas reprendre la route le lendemain.

Dimanche 29 juillet, les enfants se lèvent tard, nous profitons de ce moment de tranquillité. Nous passons une bonne matinée avec Quentin et Vincent mais aussi Jean-Philippe et Valérie, deux français qui voyagent en VW combi. Il nous font visiter leur van, c’est bien aménagé et très sympa. Nous gardons les idées pour plus tard.

En début d’après-midi, Quentin et Vincent partent en direction de Tirana. Nous les avons envoyés voir les Pigeons Voyageurs 🙂 Nous nous sommes donné rendez-vous avec Quentin dans 1 an à notre atterrissage sur Paris et avec Vincent quand nous irons voir Laurent à Grenoble.

Damien n’est vraiment pas en forme. Est-ce la chaleur ou l’eau (qui n’est pas toujours potable en Albanie) ? Il passera une bonne partie de la journée à se reposer.

Pour les enfants et moi, ce sera une journée tranquille, entre piscine et ombre du parasol… Nous allons encore rester quelques jours dans ce camping. Nous nous y sentons bien, les enfants se plaisent et il y a tout ce qu’il faut pour nous. Un peu de vacances dans notre voyage 🙂 

16 réponses

  1. decremps dit :

    bonjour les cyclomondistes , merci encore de nous faire participer a votre périple ,c est extraordinaire les rencontres que vous faites ,profitez bien de chaque jours qui passent ,nous continuons a vous suivre avec un immense plaisir ,merci encore et bonne continuation .carpe diem

  2. BROUSSEY odile Michel dit :

    Que de rencontres! Je n’aurai jamais pensé qu’il y avait autant de cyclistes un peu  » fous » comme vous pour tenter l’aventure.
    Je crois comprendre que pour vos vieux jours vous ne dédaigneriez pas emprunter un combi WV …
    Pour le moment c’est beau la jeunesse . Bises à tous les 4.

    • Emily dit :

      Peut-être même avant nos vieux jours 😉 Ca nous tenterait bien pour un prochain voyage.
      Nous avions remarqué avant le départ qu’il y avait pas mal d’autres fous comme nous :D, c’est d’ailleurs certains d’entre eux qui nous ont donné envie de partir à vélo. Et nous sommes toujours très contents d’en croiser sur notre trajet.
      Bises de nous 4.

  3. Quere dit :

    Bonjour à vous 4 . C’est vraiment super de voyager au travers de vos récits et oui Emilie la vie est jonchée de synchronicite mais nous ne les voyons pas toujours … ça me donne envie de repartir ! Belle route à vous . Amitiés

  4. Régnier Christine dit :

    Coucou les lozériens,
    Toujours passionnant de lire le récit de votre périple ; je le parcours au moment du repos pour ne pas dire sieste , et au frais dans la maison car avec nos 35° réguliers, c’est dommage, mais nous vivons dans l’obscurité
    Vous devenez des pros , 80 kms c’est votre dernier mot….
    Toujours de belles rencontres, profitez bien
    Bises à tous les 4
    Christine

  5. Thérèse dit :

    Vacances bien méritées… profitez des bons moments : c’est votre devise.
    Bon rétablissement à Damien avant de poursuivre votre belle aventure.

  6. LEBAS dit :

    Bonsoir les Lozériens
    Merci de vos beau récits de nous faire voyager avec vous.
    Bon courage pour celle belle aventure

  7. Gély dit :

    Bonsoir à tous
    très bien vos résumés et nous sommes bien avec vous dans votre voyage et des idées ce dessinent pour nos prochains voyages.
    Profitez bien et à très bientôt

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