Semaine 15 : de Fushë-Krujë à Gjirokastër
Lundi 6 août, les Pigeons Voyageurs récupèrent enfin leur colis, après plusieurs semaines d’attente. Nous décidons donc de reprendre la route tous ensemble le mercredi et de profiter de nos derniers moment de “vacances” au camping.
Mercredi matin, nous sommes prêts à partir à 8h20. Le départ est matinal mais il fait vraiment très chaud ici. La route n’est pas du tout agréable et il y a énormément de circulation. Mais c’est tout plat !
Après plusieurs kilomètres, nous empruntons une route moins passante, où nous retrouvons des vaches et des chevaux. Nous arrivons enfin sur un chemin de terre qui grimpe bien, où nous devons pousser les vélos, et rentrons dans la ville de Durrës par les petites routes.
Nous mangeons au restaurant et rejoignons notre location à 14h. Nous avons loué un petit appartement pas cher avec les Pigeons. Les adultes sans enfants font la sieste et nous faisons l’école et occupons les enfants qui, bien sûr, ne sont pas fatigués… On aurait bien dormi un peu aussi…
Nous partons ensuite visiter l’amphithéâtre. Le bus est bondé, nous ne pouvons pas rentrer dedans et nous décidons de prendre un taxi car ça ne revient pas vraiment plus cher. Nous passons devant le joli château et Damien ira visiter l’amphithéâtre avec les enfants. Je me contenterai de le voir de l’extérieur avec Eloïse. Il n’est pas très bien entretenu et la vue de l’extérieur est la seule qui vaille vraiment la peine. Dans le parc autour de l’amphitéâtre, nous croisons énormément de mariés en pleine séance photo.
Nous cherchons ensuite une plage, pour que les enfants puissent se baigner une dernière fois avant d’arriver au sud de la Grèce. Mais la seule plage à proximité est sale et il est tard. Ils feront un tour de kart à la place.
Nous reprenons un taxi pour retourner jusqu’à la location mais le chauffeur, très désagréable, ne nous emmène pas au bon endroit et nous sommes obligés de l’arrêter. Nous voilà bons pour une belle marche, avec Soline qui s’est endormie. Heureusement que j’ai emporté le porte bébé. La ville est très sale, il y a des déchets partout et les gens et les chiens font les poubelles. C’est de loin la ville la plus sale que nous voyons depuis le début du voyage.
Nous nous arrêtons pour manger un kebab avant de rentrer tôt car nous sommes tous fatigués.
Jeudi, nous partons très tôt de Durrës. Le début de la route se fait dans les déchets et une grosse puanteur. La route est très passante et extrêmement sale. Ici, les grilles sur les bouches d’égout sont en option, il y a donc des trous partout sur la chaussée et nous devons être vigilants pour ne pas tomber dedans. Nous empruntons aussi une portion d’autoroute pas sympa du tout. Nous essayons ensuite de trouver une route secondaire mais nous tombons sur un chemin de terre impraticable. Il y a beaucoup de cailloux, c’est très dur et ça glisse. Nous retournons ensuite sur l’autoroute car il n’y a de toute façon pas d’autres chemins.
Le trajet est très monotone, une ligne droite interminable, sans ombre, avec des vendeurs de pastèques et de maïs grillé sur le bord de la route. Il fait extrêmement chaud et nous profitons d’un parasol au bord de la route pour faire une pause à l’ombre. Eloïse et Julia décident de jouer à Pékin Express et font du stop sous l’oeil amusé de Geoffrey et sa caméra. Elles ne pensaient pas du tout que ça fonctionnerait mais moins de 2 minutes plus tard, un camion TNT vide s’arrête et nous charge tous les 7 avec nos 5 vélos. Je monte devant avec les enfants et Julia. Geoffrey, Eloïse et Damien montent à l’arrière du camion avec les vélos. Le chauffeur nous explique qu’il va jusqu’à Fier, nous gagnons donc un jour de vélo et parcourons environ 60 km en camion. Ceci nous fait éviter toute la partie d’autoroute, super !
Nous reprenons nos vélos et nous arrêtons au Byrektor, afin de manger un bon byrek (spécialité albanaise, pâte feuilletée fourrée) et demander où nous pouvons trouver un endroit pour planter la tente. Le gérant nous propose de dormir dans son restaurant et déplace toutes les tables pour nous laisser assez de place pour nos tentes. Il installera même la télé pour les enfants et emmènera Damien et Geoffrey faire les courses dans un grand supermarché de Fier, avec Indila à fond dans la voiture, tout content de montrer qu’il aime la musique française et la France. Il est vraiment super sympa 🙂
Vendredi 10 août, nous nous réveillons tôt, après une nuit bien courte. Nous avons en effet peu dormi entre le bruit de la route très passante juste à côté du restaurant et les clients qui arrivent en masse depuis l’ouverture à 4 heures du matin ! Nous sortons de notre tente et remarquons que les tables du restaurant sont bien remplies. On ne se sent pas super à l’aise, même si la situation pourrait paraître comique.
Nous reprenons la route tôt et traversons rapidement la ville de Fier avant de nous retrouver de nouveau sur de longues lignes droites monotones et sans ombre. Nous mangeons au restaurant et les Pigeons Voyageurs y restent afin de profiter du wifi pour leur appel vidéo. Nous prenons de l’avance, sachant qu’ils nous rattraperont rapidement. Depuis la première (et unique) petite côte de la matinée, j’ai mal au ventre, ma “blessure” s’est réveillée. Je dis blessure mais nous ne savons toujours pas plus de quoi il s’agit, si ce n’est qu’elle revient de temps en temps et que je n’arrive pas à me soigner au naturel (huiles essentielles, baume du tigre,…), seuls les décontractants musculaires et la Voltaren fonctionnent… Ce qui laisse entendre que c’est bien musculaire. Cette nouvelle met Damien de très mauvaise humeur. Mauvaise humeur qu’il traînera pendant quelques jours… A chaque fois, ça remet en question la suite du voyage à vélo et je pense que ça lui fait peur.
Nous sommes interpellés par le gérant d’un magasin de musique sur le bord de la route. Il nous propose de l’eau et de la pastèque pour les enfants et surtout de l’ombre, denrée rare sur les routes albanaises. Les Pigeons Voyageurs nous rattrapent rapidement et la discussion s’enclenchent sur un endroit pour dormir. Il nous propose rapidement de planter notre tente sur la plage en contrebas, au bord de la rivière. Il est ouvert 24h/24 et ça ne lui pose pas de soucis. L’endroit est magnifique et c’est la première fois que nous avons l’occasion de dormir comme ça au bord de l’eau. Il fait venir son fils de 4 ans, qui arrivera en taxi et téléphone portable en main, et nous en apprendra beaucoup sur la corruption et le “business” qu’il pratique…
L’ambiance chez nous est extrêmement tendue. Les enfants, certainement dans l’espoir de l’apaiser, ont eu la bonne idée de se rouler dans le sable bien collant et ils en ont absolument partout. Soline a les cheveux blancs et ressemble à une sauvageonne et je suis un peu dépitée à l’idée que nous n’avons qu’une poche à eau pour nettoyer tout ça. Hugo perd son ballon, emporté par le courant de la rivière, et ils ont du mal à jouer avec le fils du gérant. Bref, un bivouac de rêve qui tourne un peu au vinaigre. Et nous comprenons vite que pour éviter les crises d’hystérie, le sable avec les enfants quand on n’a pas de douche, ce n’est pas une bonne idée. Nous en avons aussi récupéré plein la tente… Je ne suis pas très maniaque mais il y a des limites. Julia et Eloïse me trouveront plutôt calme malgré l’ampleur des “dégâts”. Damien filtrera beaucoup d’eau vaseuse pour boire et nous laver. Après un petit feu de camp de quelques minutes réalisé par Geoffrey pour faire plaisir aux enfants, nous les « douchons » avant de les transporter directement dans la tente, hors de question de poser un orteil dans le sable. Et nous nous promettons de ne jamais refaire ce type de bivouac avec les enfants…
Le lendemain, le réveil est un peu bizarre. L’ambiance n’est toujours pas au beau fixe et je suis sûre d’avoir entendu des hommes parler près de notre tente cette nuit. Ca m’a plutôt fait peur mais j’étais rassurée d’être avec les Pigeons. Eloïse les a entendus aussi mais nous sommes les deux seules. Nous apprendrons par le frère du gérant, présent toute la nuit, qu’une famille de 8 personnes a été assassinée pendant la nuit dans le village juste de l’autre côté de la rivière. Les hommes que nous avons entendus sont apparemment des policiers qui faisaient une ronde… Une nouvelle pareille le matin, ça glace un peu et nous nous promettons de ne plus faire ce genre de camping sauvage en Albanie !
Nous disons au revoir au Pigeons, qui partent pour une belle côte, que nous aimerions éviter avec nos vélos surchargés. J’ai toujours un peu mal et surtout, nous aimerions éviter un bivouac supplémentaire et trouver un camping ou un hébergement car nous accusons la fatigue. Il reste plus de 80 km jusqu’à Gjirokastër, que nous ne sommes pas capables de faire d’une traite.
Nous tentons d’abord de faire du stop devant le magasin de musique mais le frère du gérant nous fait comprendre d’aller plus loin, qu’on ne sera pas chargés car les gens risquent une amende. Est-ce que les contrôles de police sont renforcés suite aux évènements de cette nuit ? Une camionnette s’arrête pourtant à notre hauteur mais faux espoir, elle est remplie et il n’y a aucune place pour nous.
Nous prenons donc la route jusqu’au croisement, où nous trouvons une pompe à essence et un bar. Nous profitons du wifi car depuis quelques jours nous n’avons plus de Gigas sur notre carte SIM albanaise et nous demandons au serveur s’il est possible de se rendre à Gjirokastër en bus. Il nous explique qu’il y en a un qui s’arrête à la station à 10h, le temps que le chauffeur boive un café et qu’il lui demandera pour nos vélos. Il nous indique des tarifs très avantageux (moins de 7 euros pour nous 4), nous décidons donc d’attendre le bus… qui n’arrivera finalement qu’à 11h. Et le prix avec nos vélos est de 16 euros pour nous 4 (clairement à la tête du client…) mais vu qu’il y a 80 km, nous estimons que ce n’est malgré tout pas excessif. De toute façon, il fait maintenant beaucoup trop chaud pour faire la grosse montée à vélo.
Nous arrivons à Gjirokastër après à peine plus d’une heure de bus et remontons nos vélos devant un snack, où nous irons manger de bons kebab à 1 €. Nous hésitons entre rejoindre le camping ou prendre une location. Nous réservons finalement une guest house à 25 euros/nuit, petit déjeuner compris pour permettre une meilleure récupération physique.
Nous avions vu sur le plan qu’il faudrait monter, mais nous n’imaginions pas à quel point ! Nous parcourons 1,5 km de toutes petites routes extrêmement pentues, aux pavés super glissants. Ce n’est clairement pas adaptés à nos vélos, nous devons pousser chaque vélo à 2 pour y arriver, c’est extrèmement dur. Nous croisons beaucoup de français, les gens nous regardent et nous encouragent. Nous finissons par arriver exténués et trempés de sueur à notre guest house, plus haut que le château. Et nous avons l’air tellement épuisés que les gérants, très sympathiques, s’occuperont de nous amener vélos et bagages dans la chambre.
La chambre est spacieuse et il y a la clim, nous en profitons pour nous reposer. Ca fait du bien et apaise les esprits. Nous profitons aussi de la possibilité de faire une vraie lessive gratuite, un luxe pour notre type de voyage.
Nous allons ensuite faire un petit tour sur le bazar et ces nombreuses petites boutiques dans les rues pavées et pentues de Gjirokaster. Nous y trouvons des portes monnaies pour les enfants et un nouveau ballon pour Hugo. Il faut un peu marchander et se méfier des prix car nous remarquons que le même objet est vendu à des prix différents selon la boutique.
Nous prenons le temps d’apprécier cette jolie ville, bien plus agréable à pieds qu’à vélo et nous terminons la journée en mangeant à la Crêpe française, crêperie d’un français venu s’installer en Albanie.
Le dimanche matin, nous prenons notre temps et profitons du petit déjeuner copieux inclus dans notre réservation.
Nous partons visiter le château, à 300 mètre de la guest house. Nous sommes vraiment bien situés finalement 🙂 Ce château est vieux de 1500 ans et il est vraiment très beau et bien conservé. Les enfants sont contents de voir les vestiges de la guerre (canons, chars, avion) et nous admirons la beauté du site ainsi que la jolie vue sur la ville.
Ne repartons sur le bazar puis allons manger dans un petit restaurant dont nous avions vu une bonne critique sur internet, la Taverna Kuka. Le cadre est très sympa mais le service déplorable avec un serveur qui fait la tête et il n’y a plus aucun des plats typiques que nous souhaitions tester…
Nous croisons les Pigeons sur le retour du restaurant. Ils sont aussi arrivés à Gjirokastër la veille mais après 80 km de vélo !
Nous passons une après-midi tranquille. Soline, comme d’habitude n’arrive pas à se reposer quand il y a un lit (alors qu’elle fait la sieste tous les jours sur le vélo…) mais elle finit par s’endormir dans le porte bébé pendant une petite balade. Elle a le réveil un peu difficile mais nous passerons une bonne soirée tranquille et rechargeons bien les batteries pour repartir le lendemain en pleine forme, direction la Grèce !
Salut les cyclo…
Toujours autant d’action avec vous ! Les « plus belle la vie » et autres sagas peuvent aller se rhabiller, c’est vous qui nous tenez en haleine !
En espérant que tes tracas de santé s’améliorent, Emily car ici, on est pas prêt pour l’épisode final de votre saga….Alors, bon repos, continuez de nous faire voyager avec votre bonne humeur qui transpire à travers nos écrans.
Bises de nous 5
Merci beaucoup 🙂
Oui, ça s’est amélioré mais je pense que je risque de trainer cette douleur encore un moment, vu qu’on ne sait pas ce qui la provoque. Mais j’ai de quoi la faire passer si ça revient, donc c’est déjà ça. Et on devrait pas mal se reposer en Grèce 🙂
Bisous de nous 4.
Encouragé par mon premier commentaire visiblement apprécié à sa juste valeur, je continue mon analyse anthropologique du Daminus Bycycletus : non mais frangin, t’as grossi non !?
Sais-tu que tes commentaires sont encore soumis a la modération et ne sont pas automatiquement transmis (Heureusement !). Côté poids, je t’encourage a decouvrir le Rémius Bycycletus moins profilé pour les montées et hyper efficace en descente… Une question de force potentielle liée au poids si ma mémoire est bonne ?
Tient moi au courant de tes avancées sportives et lipidiques 🙂 bisous à tes femmes !
Bonjour à vous 4 et aux pigeons
Quelle aventure, d’actions quel émotion, donc courage, courage vous êtes sur la bonne voie, espérons que les tracas d Emile rentre au plus vite dans l’ordre. Nous essayons de pédaler avec vous par la pensée, je ne pense pas que vous en resentez l’action !!! avec la chaleur Ouuffff!!!
Merci de continuer à nous faire voyager à vos cotés
Bien à vous gros poutous aux enfants
Dominique et Annie
Merci pour les encouragements et les coups de pédale en pensée 🙂
Pour la douleur, elle va et vient et je pense que je vais devoir m’en accommoder. Elle a disparu depuis cette semaine là 🙂
Bises de nous 4.
Hello !
Merci à vous de nous faire partager vos pérégrinations cyclistes ! Nous suivons avec admiration et intérêt le récit de vos aventures avec ses bons et mauvais moments et attendons avec impatience le prochain épisode…
Nous penserons bien à vous car ce WE nous renouons avec la « Boutinade ».
Bon courage pour la suite de votre voyage et gros bisous à tous les 4.
Céline et Hervé