Semaine 29 : de Khorat à Surin

Lundi 12 novembre, nous quittons Khorat de bonne heure en direction de Surin, que nous allons rejoindre en 4 jours. Nous croisons énormément de scooters. Les parents amènent les enfants à l’école et sont jusqu’à 4 sur le même scooter, même avec des bébés de quelques mois.

Soline remarque un varan sur un arbre. Nous faisons demi-tour pour prendre la photo. On n’a pas le temps de trop s’approcher qu’il a déjà plongé dans l’eau mais on a enfin une photo 🙂

Nous roulons ensuite entre les cocotiers. La route est vraiment très agréable et nous croisons beaucoup de vaches aux longues oreilles. Ici, les éléphants ont des petites oreilles mais celles des vaches sont très longues et tombantes.

Nous voyons pour la première fois les récoltes de riz. Il sèche sur la route, occupant une voie entière et nous croisons beaucoup de monde en train de ratisser et tout préparer pour le séchage.  

Ensuite, nous prenons un chemin de 6 km qui traverse la jungle. Nous sommes tous seuls et Damien est loin devant quand je remarque des crottes anormalement grosses sur le chemin. Petit moment de panique : va-t-on tomber nez à nez avec des éléphants ? Comment faire pour ne pas se faire charger ? Un petit stress qui fait bien rire Damien, moqueur !

Nous arrivons ensuite sur un chemin beaucoup moins praticable. Il y a beaucoup de sable, ça glisse et ça s’enfonce. On n’avance plus, on fait de la trottinette sur notre vélo, c’est la galère…

Nous finissons par arriver sur la route principale et nous nous arrêtons au seul endroit qui fait à manger. Il n’y a que de la soupe de nouilles et on avoue ne pas être fans, les enfants encore moins, mais celles-ci sont les meilleurs qu’on ait mangé depuis le début. Un groupe de femmes militaires mangent aussi et elles parlent un peu anglais. Nous en profitons pour leur demander où nous pouvons trouver un endroit pour dormir et elles nous indiquent le village de Chakkarat, à 10 km. On se rend compte que nous avons du coup fait un détour en choisissant les petits chemins, qui nous éloignent des routes principales et donc des possibilités de logement le soir. Nous allons revoir l’itinéraire pour les autres jours.

Arrivés à Chakkarat, nous nous faisons offrir de l’eau et des bananes. Les Thaïlandais sont vraiment généreux. Nous avons en plus plein d’encouragement sur notre route, ça fait plaisir. Les habitants nous indiquent l’endroit d’une guesthouse. Tout est écrit en thaï donc c’est très compliqué pour nous de les repérer.

Nous arrivons dans une guesthouse très colorée et kitch, les enfants adorent ! Nous sommes bien fatigués après ces 55 kilomètres et sommes pressés de nous reposer.

Le lendemain, nous reprenons la route de bon matin. On tente à nouveau de suivre le gps, qui nous propose des petites routes le long de la route principale. Mais nous nous retrouvons très rapidement sur du sable… On décide donc de repiquer sur la route principale, ce qui nous fait perdre du coup pratiquement 10 km…

Nous voici donc sur une route beaucoup plus circulante mais les voitures ne roulent pas si vite et font attention. Nous sommes par contre assez fatigués, nous avons mal aux fesses et on n’avance pas très vite. C’est d’ailleurs difficile de repartir pour les 30 derniers kilomètres l’après-midi. Nous arrivons finalement dans un très bel hôtel après 62 kilomètres. Les enfants découvrent plein de mantes religieuses dans les plantes et sont fascinés.

Le mercredi, nous reprenons des petites routes, après avoir bien analysé et sélectionné celles qui ont l’air praticables. Nous avons beaucoup d’encouragements sur la route et nous arrivons à Buriram en début d’après-midi. Nous en profitons pour faire nos photos d’identité pour le visa du Cambodge, avec notre belle tête de cyclistes fatigués. J’ai un débardeur avec les épaules dénudées et je demande si je dois les couvrir. En réponse, le photographe me tend une veste 😉

Nous rejoignons ensuite un très bel hôtel, probablement le plus “luxueux” depuis le début du voyage (mais à 17 euros la nuit, petit déjeuner inclus, c’est raisonnable) et avec une belle piscine. Mais qui dit bel hôtel, ne veut pas dire niveau d’anglais meilleur. Ici, le personnel ne connait même pas les chiffres en anglais (elle me montre le numéro de la chambre sur ses doigts) et ne comprend pas quand nous leur demandons où sont les toilettes, ni aucune autre demande très simple de notre part… Nous sommes vraiment dans la non-communication ici et ça nous frustre parfois de ne pas du tout se faire comprendre.

Les enfants s’amusent bien et nous récupérons de notre petite étape de 32 km qui nous a malgré tout bien épuisés. Nous profitons aussi pour la première fois du room service, avec la livraison d’un repas très bon et à un prix tout à fait raisonnable.

Jeudi, nous commençons la journée par le petit déjeuner buffet de compétition de l’hôtel 🙂 Que ça fait du bien de partir le ventre bien rempli. On a même droit à des fruits, des oeufs, il y en a pour tous les goûts, salé ou sucré. Bref, ça faisait longtemps et on se régale.

Aujourd’hui, nous franchissons la barre des 4 000 km pour notre 200ème jour ! Nous sommes fiers de nous 🙂

Il fait extrêmement chaud, probablement plus encore que les autres jours. Le thermomètre indique tous les jours environs 35 degrés, une chaleur très humide que nous avons appris à supporter mais c’est toujours plus difficile que la chaleur sèche que nous avions dans le sud de l’Europe. Et aujourd’hui, nous souffrons particulièrement.

Tout le long de la route, nous continuons de voir du riz qui sèche et qui est mis en sac. Les travailleurs sont bien couverts eux, ne laissant apparaître que leurs yeux, et je me demande comment ils font.

Nous nous arrêtons pour manger dans un petit village mais une fois de plus, nous ne sommes pas compris… Et nous avons donc des plats qui ne correspondent pas du tout à notre demande (pourtant appuyée de photos et de mots en thaï). Les enfants se font offrir un dessert hyper sucré, que même Hugo aura du mal à manger et Soline aura droit à une séance photos digne d’une star.

Arrivés à la guest house à Surin, nous avons du mal à obtenir les renseignements pour le petit déjeuner des éléphants qui a lieu le lendemain. Nous décidons de partir un peu en repérage et d’en profiter pour passer au mini-market. L’hôtel est à 2 km de la ville et il y a énormément de chiens qui nous aboient dessus et nous coursent. C’est un problème pour nous en Thaïlande, nous sommes régulièrement coursés par des chiens qui, heureusement, ne sont pas si agressif pour la plupart et lâchent vite l’affaire. A part un qui s’attaquait à mes sacoches, pour l’instant ils cherchent surtout à nous effrayer.

Il y a énormément de circulation dans cette ville et nous sommes contents de ne pas s’y attarder.

Le soir, nous entendons un bruit très bizarre, à répétition, et pensons que nous avons un voisin qui a le syndrome de Gilles de la Tourette. Nous apprendrons bien plus tard qu’il s’agit en fait du cri du gecko, qui crie “gecko, gecko”, très étonnant (à découvrir ici pour les curieux).

Vendredi matin, c’est le grand jour pour le petit déjeuner des éléphants. Nous avons décidé de ne pas assister aux spectacles du festival de Surin qui ont lieu tout le week-end car nous estimons qu’ils ne respectent pas la condition des animaux (éléphants qui font des acrobaties, du foot, de la peinture, reconstitution de scènes de guerre,…). Mais le rassemblement des éléphants de Surin, c’est quand-même quelque chose de très important pour la Thaïlande et une partie de leur culture. C’était sur notre route donc nous ne voulions pas passer à côté… Et le petit déjeuner nous paraissait un bon compromis. Voir tous ces éléphants venir se régaler de tonnes de fruits et légumes, ça devrait être chouette !

Nous savons vaguement que ça commence vers 8 heures donc nous décidons de partir vers 7 heures, à pieds de la guest house. Nous rencontrons les mêmes chiens que la veille et nous nous faisons autant aboyer dessus sans nos vélos. Et si le problème venait de la peur des étrangers plutôt que des vélos !?

Nous nous installons avant 8 heures sur la place du monument (comme ils l’appellent). Il y a déjà pas mal de monde et ça continue de se remplir. Le buffet est là, magnifique, et attend les éléphants. Nous avons droit pendant pratiquement une heure à de jolis spectacles, un corso “fruité”, des danses traditionnelles tout en douceur, qui nous permettent de découvrir un peu plus leur culture. Ils sont magnifiquement habillés, ça fait vraiment un joli spectacle.

Les éléphants arrivent vers 9 heures avec en tête un superbe éléphant blanc, symbole royal pour la Thaïlande. Les éléphants sont pour la plupart montés, certains sont habillés et plusieurs ont une nacelle pour pouvoir transporter les touristes.

Le petit déjeuner commence, les éléphants engloutissent des tonnes de nourriture. Nous nous approchons, voyons leurs longues trompes d’approcher de la nourriture, l’aspirer pour l’attraper et ensuite la mettre en bouche. Damien part d’un côté avec Hugo et je me retrouve de l’autre avec Soline, qui n’a pas peur du tout et cherche le plus grand éléphant pour lui donner des bananes. Elle est prête à y aller seule mais je la porterai tout de même dans mes bras pour nous approcher. Elle comprend vite le truc de mettre la nourriture directement dans la trompe pour que l’éléphant l’attrape plus facilement. Et nous passons un long moment à leur donner à manger. Les enfants sont ravis, il ont pu toucher les éléphants, voir qu’il y avait des poils sur leur trompe, les regarder attentivement engloutir une grappe entière de bananes ou écraser une pastèque avec leur pied. Ils sont aux anges.

Nous sommes contents aussi d’avoir pu les approcher de si près mais nous n’avons pas pu nous empêcher de réaliser une chose qui nous a choqués et attristés : même pour aller prendre un petit déjeuner, ces éléphants sont maltraités. Ils sont tous montés et leur manière de les diriger, c’est la serpe, un outil qui se termine par une pointe et dont ils usent et abusent à longueur de journée. Pour leur demander simplement d’aller à gauche ou droite, c’est un coup de pique au dessus de l’oeil et comme ça toute la journée… Beaucoup transportent les touristes et on sait qu’ils ont dû être “cassés” quand ils étaient petits, pour oublier qu’ils sont des éléphants et accepter les touristes sur le dos. Soline sera d’ailleurs portée pour être mise sur un petit éléphant alors que nous n’avions rien demandé; elle voulait juste le caresser… Certains s’asseyent sur leurs défenses pour être pris en photos… Bref, sentiment partagé entre la magie de voir nos enfants ravis de leur donner à manger et le fait d’être tristes d’assister à cette maltraitance et de voir à la fin du repas les éléphants saigner…

Une fois les éléphants partis, nous allons nous réfugier sous la climatisation du 7 Eleven. Il fait vraiment extrêmement chaud et, moi qui adore la chaleur, j’avoue que je trouve aussi que c’est trop. On se rafraîchit puis nous décidons de parcourir les rues à la recherche d’un coiffeur. Nous avons du temps, c’est l’occasion ! Nous trouvons très rapidement et facilement pour Soline, avec une coupe à 1,50 euros. Elle décide de se refaire un carré court, ce qui est une très bonne idée car ses cheveux sont bien abîmés.

Pour les hommes, c’est beaucoup plus compliqué de trouver et ils tourneront longtemps avant de trouver enfin une coiffeuse qui accepte de les prendre mais les fera payer 3 fois plus cher que Soline.

Damien profitera d’un massage thaï pendant que je rentre avec les enfants, bravant les chiens pour arriver jusqu’à la guest house. Nous passons ensuite une après-midi au calme.

Pendant la nuit, Soline se réveille après un cauchemar et pleure tellement fort qu’elle a certainement réveillé tous les autres clients… et le gecko aussi qui se remet à crier pendant une bonne heure.

Le lendemain, nous avions prévu de faire une grasse matinée mais Soline en a décidé autrement et se réveille très tôt… Nous prenons le petit déjeuner à la guest house, des petits club sandwichs à quelque chose qui ressemble à du thon. Damien fera l’impasse mais pour une fois, Soline se régale.

La journée se déroule ensuite très tranquillement. Je m’occupe des enfants et laisse Damien faire tranquillement ses vidéos. Ils jouent, dessinent, nous faisons du yoga ensemble (on découvre et Soline adore), on fait l’école et on a même le courage de jouer à Loup touche touche et 1,2,3 soleil sous 35 degrés !

A midi, je décide d’aller avec Soline chercher le repas à pieds mais c’était sans me rendre compte que c’était à 1,2 km et que j’allais devoir rentrer avec Soline (qui n’en pouvait plus de la chaleur) sur mon dos en plus des plats à porter. Et c’était pas terrible en plus, donc ce soir nous resterons à la guest house.

Le dimanche, nous changeons d’hôtel. Nous pensions au départ faire une petite boucle jusqu’à Prasat avant de passer la frontière mais nous avons changé d’avis car nous sommes trop fatigués par les kilomètres avalés et nous avons envie de ralentir le rythme. Nous avons donc finalement bien le temps avant de devoir passer la frontière et nous décidons de rester deux nuits supplémentaires à Surin. Nous avons trouvé une bonne offre dans un hotel à 5 kilomètres.

Le trajet passe donc très vite et nous en profitons pour acheter 2 pastèques, très chères par rapport au reste de la nourriture ici mais nous sommes vraiment en manque de fruits.

Le cadre est très sympa, la chambre confortable et il y a un restaurant qui propose aussi un peu de nourriture européenne. Soline est ravie de manger des frites, elle qui sature vraiment du riz !

8 réponses

  1. chiggiato veronique dit :

    Merci, c’est vraiment très beau. Mes petits enfants qui découvrent avec moi les photos trouvent que les enfants ont « trop de la chance » et en plus Solène mange des frites…..
    Profitez bien et continuez à ouvrir grand vos yeux et vos cœurs. Tendresse à vous.

  2. LEBAS dit :

    Bonsoir les Cyclos
    Un bel épisode, un très beau parcours avec beaucoup d’émotions, Bon courage pour la suite
    Amicalement
    Dominique Annie

  3. lolozere dit :

    Et du riz frit, c’est comme des frites non 😉
    Dure qu’au Vietnam nous avons fait une balade à dos d’éléphants… Nous ne savions pas que les éléphants étaient « cassés » pour çà. Il n’y pas des techniques douces ?

    • Emily dit :

      Vu la quantité d’huile qu’ils utilisent pour faire un riz frit, je pense que d’un point de vue diététique, ça se vaut 😀
      Et pour les éléphants, à priori c’est toujours le cas car c’est contre nature pour eux… On ne le savait pas non plus mais on avait vu des vidéos avant d’arriver en Thaïlande. Après, certains doivent mieux les traiter que d’autres. Là, ils les piquaient avec leurs serpes et on voyait clairement les blessures…

  4. Francois BOUCHE dit :

    Que de parcours réalisés depuis votre passage dans les Cévennes! votre voyage fait vraiment envie, profitez bien, ce genre d’aventure ouvre les têtes et les coeurs…
    François et Anne de la Picholine

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